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Géorgie : une faute de traduction a prolongé la guerre d’un mois !

Géorgie : une faute de traduction a prolongé la guerre d’un mois ! Interrogé sur les raisons du non-respect de l’accord de cessez-le-feu par les Russes, Bernard Kouchner a expliqué, le plus simplement du monde, qu’une erreur de traduction s’était glissée dans la version russe de l’accord. Quand le succès diplomatique devient un échec embarrassant... bien que peu retentissant.


Le 12 août dernier, les dépêches tombaient les unes après les autres... Nicolas Sarkozy avait brillamment arraché un cessez-le-feu aux Russes. La guerre était alors terminée, et le Kremlin allait procéder au retrait de ses forces incessamment sous peu, au garde-à-vous. Rompez ! Le Canard enchaîné relevait alors une première bévue : dans la précipitation, notre diplomate en chef s’était contenté d’un serrage de pince officiel devant les caméras, "oubliant" de faire signer le document officiel. La boulette fut réparée dès le lendemain, par fax. Du plus sérieux !

Sarkozy en délicatesse avec les langues étrangères

Mais un mois après ce "grand succès" diplomatique, les forces russes sont toujours présentes dans les territoires concernés (Géorgie, Ossétie du Sud et Abkhazie). Et les esprits chagrins, bien que peu nombreux, posent la question qui fâche : "d’où vient la difficulté d’interprétation de cet accord ?" Bernard Kouchner, samedi dernier, à la sortie d’une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l’UE, a dû reconnaître que le problème venait... "de la traduction, comme toujours. Le document en français a été approuvé en ma présence. Il a été traduit en anglais et en russe [...] Il y a eu une lettre du président Sarkozy précisant ces points, dans notre interprétation française puisque c’est nous qui avions écrit ce texte", a-t-il déclaré.


Un seul mot vous manque et tout est dépeuplé

Un des termes mal traduits remet beaucoup de choses en cause. Dans la version anglaise est écrit "pour l’Ossétie", alors que dans la version russe, c’est l’expression "dans l’Ossétie" qui est inscrite. Le passage incriminé a été interprété par le Kremlin comme une autorisation de stationner ses chars "dans" les territoires sécessionnistes. Et ce ne serait pas la seule erreur du document. Le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré que l’interprétation géorgienne du document était basée sur "toute une série de distorsions", dont le remplacement de la préposition "pour" par "dans". En France, on oublie trop souvent que les mots ont un sens...


L’information totalement occultée

L’étonnant, c’est que cette erreur, lourde de conséquences, soit passée totalement inaperçue. Seul le site du Daily Telegraph a jugé bon de reprendre l’information, lundi matin... le jour où les médias français ont préféré souligner le nouveau grand succès diplomatique de Nicolas Sarkozy. Curieusement, les termes du nouvel accord sont bien moins restrictifs que le premier. Il ne s’agit plus, pour la Russie, que de se retirer du territoire de Géorgie, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie étant mystérieusement sorties du champ d’application. Plus fort, l’UE a donné l’occasion à la Russie d’officialiser sur la scène internationale la réalité de l’existence des deux "nouveaux Etats". "L’acte de reconnaissance a eu lieu. Du point de vue du droit international [...] deux nouveaux Etats sont apparus" a déclaré Medvedev. Le terme aurait dû faire bondir les Européens, mais aucun n’a réagi, laissant le champ libre à la Russie.


Mais c’est un grand succès, n’en doutons pas... Comment dit-on "succès" en russe ?

Une bonne blague ne venant jamais seule, le texte du nouvel accord est déjà contesté par les Russes : les observateurs de l’UE "seront déployés juste autour de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, et non pas à l’intérieur de ces territoires où seront déployés ceux de l’ONU et de l’OSCE en nombre égal à celui d’avant le 7 août", a déclaré Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe, lors d’une conférence de presse, remettant en cause le nouvel accord. Il va y avoir du sport...

(sources : lesmotsontunsens.com, ambafrance-uk.org, diplomatie.gouv.fr, telegraph.co.uk, lemonde.fr)


Par courtoisie de l'auteur : Cristophe R, dit Napakatbra sur son blog LesMotsOntUnSens


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