Gazette:Agenda:Traduire, trahir, travestir - colloque à Arras les 26, 27 et 28 mars 2009

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Agenda




Traduire, trahir, travestir

Réceptions de la littérature antique du Moyen Âge au XXIe siècle en Europe


Il est de multiples façons de recevoir dans une culture/une langue les « monuments » d’une autre culture/d’une autre langue – ce statut de monument (ce qui reste en mémoire et maintient la mémoire) étant par ailleurs directement lié à la diversité des traductions, adaptations, travestissements et même trahisons dont ils sont l’objet.


Il y a l’imitation et l’innutrition (au risque du plagiat…), légitimées par l’admiration vouée aux grands modèles : Virgile dans L’Énéide s’inspire d’Homère en composant ses six premiers livres comme une Odyssée, et ses six derniers comme une Iliade, Stace dans La Thébaïde reproduit consciencieusement le modèle virgilien, tandis que la modernité, de l’Ulysse de James Joyce aux Géorgiques de Claude Simon, en passant par la vogue du théâtre à l’antique en France autour de la seconde guerre mondiale, continue à se nourrir aux sources gréco-latines.


Il y a la traduction, plus ou moins « fidèle », selon qu’elle prétend maintenir la distance objective envers un état des mœurs et des lettres ancien, ou rapprocher, au nom de leur excellence « absolue », les textes des lecteurs « du temps » : quand il met « en roman » L’Énéide dans l’Eneas, le Moyen Âge ne transpose pas seulement les mots, mais encore les mœurs, les structures sociales, et jusqu’aux bâtiments et aux costumes ; les Ovide moralisé témoignent de l’attitude ambiguë vis-à-vis de la fable antique, entre perte et récupération ; le XVIIe siècle français ne cesse de débattre entre adaptations (nécessaires ?) et fidélité (mais alors pourquoi traduire ?) ; les célèbres traductions de L’Iliade par Leconte de Lisle et de L’Odyssée par Victor Bérard sont à la fois infidèles à une certaine tradition et fidèles à une représentation, elle-même datée, de la Grèce du VIIIe siècle avant J.-C.

Mais il y a aussi, comme les grotesques figurant aux marges des Bibles médiévales, le travestissement et la parodie : car, à côté des réceptions admiratives, on trouve les transformations dérisoires que font subir aux grands anciens Lalli (L’Eneide travestita), Scarron (Le Virgile travesti), et Dassouci (L’Ovide travesti), Marivaux (Le Télémaque travesti) et Offenbach (La Belle Hélène) – geste iconoclaste pour brûler ce qu’on a adoré, ou façon masquée d’en reconnaître encore la valeur ?


Traductions respectueuses, belles infidèles, réécritures, parodies et travestissements témoignent également du culte voué par une culture à ses textes fondateurs, et d’une révolte contre une culture ressentie comme autre.


C’est la frontière entre ces divers modes de réception des grands textes antiques dans la littérature occidentale que nous nous proposons d’explorer, la frontière qui sépare, pour démarquer le vieil adage, la traduction de la trahison, celle qui fait se côtoyer la révérence et la dérision. Nous souhaiterions examiner, dans l’espace européen, ces œuvres au second degré qui sans cesse depuis l’Antiquité ont revisité Homère, Eschyle et Sophocle, Virgile ou Ovide. Dans quels buts, pour quelles raisons, de quelle manière les siècles ultérieurs n’ont-ils eu de cesse de réécrire et de réinterpréter les textes majeurs de la littérature épique, tragique, ou, comme on disait autrefois, « héroïque », des Grecs et des Latins ? de les transposer indéfiniment d’une langue, d’un genre, d’un registre à l’autre ?


Il s’agit ainsi d’explorer le chemin qui, à travers l’épopée carolingienne, conduit de Virgile (le plus emblématique des Anciens) à L’Arioste et à Calvino. De retrouver, après Homère, Polyphème chez Théocrite, Calderón de la Barca ou Joyce, ou encore, après Sophocle, Électre chez Giraudoux, Brecht, Anouilh et Sartre. De suivre le destin d’Orphée chez Monteverdi, Offenbach et Cocteau.


Merci d’envoyer vos propositions de communication à clnedelec@yahoo.fr ou à jplj.martin@wanadoo.fr pour le 1er juin 2008, pour un colloque prévu à Arras les 26, 27 et 28 mars 2009.


Comité scientifique :


Emmanuel Bury, Professeur, littérature française du XVIIe siècle, Université de Versailles Saint-Quentin

Marie-Madeleine Fragonard, Professeur, littérature française du XVIe siècle, Université de Paris III Sorbonne nouvelle

Francis Marcoin, Professeur, littérature française du XIXe siècle, littérature d’enfance, Université d’Artois

Jean-Pierre Martin, Professeur en langue et littérature médiévales, Université d’Artois

Claudine Nédelec, Professeur, littérature française du XVIIe siècle, Université d’Artois

Jean-Marc Vercruysse, Maître de conférences, langue et littérature latines, Université d’Artois


Responsable : Claudine Nédelec et Jean-Pierre Martin

Fabula

Url de référence : Université d'Artois


Adresse : Université d'Artois 9 rue du Temple BP 665 62030 Arras cedex France



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